Arts et folie? Un mythe ou une réalité?

J’ai décidé d’écrire sur l’art et la folie. Est-ce un mythe ou une réalité?

Est-ce l’art qui fait de l’artiste le fou ou est-ce le fou qui crée pour apercevoir d’autres horizons?

Je pense que c’est une analogie qu’on porte trop facilement sur la créativité. Beaucoup d’artistes ont été psychiatrisés parce que le système et l’éducation ne comprenaient pas leur créativité ou leur précocité. Je pense aussi que c’est un dogme qui est difficile à porter pour les artistes et les personnes neurodivergeantes, cherchant simplement à exprimer l’ampleur de leurs réflexions et de la richesse de leur monde intérieur dans le monde.

Je pense au fait d’avoir été psychiatrisée depuis que j’ai quinze ans. Je n’en veux plus au monde. L’incompréhension nous empêche de se voir dans toute sa vérité et son potentiel. Il faut chercher. Il faut se voir tel que l’on est, sans idéalisation, sans destruction ou autodestruction pour répondre à un besoin de voir l’artiste dans son gouffre si on ne veut pas le voir dans sa lumière : elle éblouit réellement le monde. Et c’est plutôt ça qui fait peur au commun des mortels que la folie. La folie sert à le classer, à le catégoriser et à nier la lumière d’un monde florissant de beauté. L’artiste pour moi, est sain d’esprit, plein de désirs, si incompris, deviennent des doutes et des crises existentielles.

Je pense que l’on devient son environnement et que les artistes sont des gens profondément intuitifs qui refusent systématiquement la dualité : ils embrassent la complexité du monde, que cela s’impose aux moralistes. Moralistes dans tous systèmes : religieux, politiques, scientifiques.

J’ai pu être insultée qu’on me dise que l’art était : politique, scientifique, comme si les institutions en savaient plus sur l’art, sur l’identité, que l’artiste lui-même. Les domaines, les chercheurs et les institutions vivent souvent par procuration à travers les artistes, et c’est cette perversion qui fait de l’artiste un fou. Ça lui demande déjà beaucoup pour s’exprimer dans le monde. Si en plus, il faut vivre dans l’oeil de toutes sortes d’institutions, de politiques, de constats scientifiques qu’on ne peut pas questionner, ou trouver l’identité complexe de l’artiste, sa démarche en dehors du monde, inspirée du monde?

Ma psychologue me répondait souvent que mon identité était un spermatozoide et j’étais insultée. Je me déguise tous les jours, si mon identité c’est la science, je ne suis pas une artiste, tout ce que je fais à tous les jours n’a aucune importance pour les scientifiques. Il faudrait que je trouve un scientifique qui me comprenne dans mon identité de tous les jours.

Si l’art est de la politique, ils n’ont pas compris mon dégoût pour la politique, des gens qui ne s’aiment pas, mes oncles et mes tantes qui se disputent des convictions à table et des tensions inutiles, qui me donnent mal au ventre. Je ne veux pas que l’art soit ça pour moi.

L’art pour moi, c’est le monde, qu’il soit fou ou pas. Et si je suis folle, c’est parce que le monde était fou avant moi.

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