15 000 identités

Je fais une performance. Je mets 15 000 photos à vendre dans une salle, dans des boîtes d’archives ou des bains sur pieds. Toutes les photos sont à vendre 5$. Elles sont comme des secrets. La 15 000e photo est à vendre 15 000$. Les photos sont 15 000 images du monde des arts prises avec mon IPhone : des artistes, de la performance, des musées, des archives de mon travail, des photos de ma démarche depuis 2020. Des photos de ma crise d’identité, du monde contre moi, des images professionnelles, des confidences, des nouvelles du jour, des informations sur la spiritualité. Chaque page est comme un article ou une image. Comme je n’ai jamais compris comment utiliser les médias sociaux selon l’ère actuelle, je rends possible au réel 15 000 images de téléphone en deux ans , que j’ai presque toutes partagées aléatoirement sur les réseaux sociaux, dans mes stories ou autre, en changeant plus d’une cinquantaine de fois de compte Instagram depuis que je suis jeune, depuis que j’ai 15 ans, je n’ai jamais su conserver un public dans un monde où les apparences sont si dominantes et si étouffantes pour l’être. Si Instagram était un musée, nous ne devrions pas parler. Est-ce que les gens pensent que mon instagram est un musée parce qu’ils ne parlent pas, ou est-ce qu’ils ne parlent pas parce que je parle du quotidien, de ma colère usuelle, de mes relations improbables et de mon dégoût de l’entreprise humaine? Oui il est possible d’archiver une vie, avec à peu près 1000 photos par jour. Sur 1000 photos, j’en prends 100 professionnellement.

Je n’ai jamais accordé une telle valeur à mon travail parce qu’on l’a dénigré, est-ce de la jalousie, de l’amour ou de l’indifférence ? Me changer dans des cabines publiques et réfléchir à l’extérieur, m’autodétruire, tenir un journal, faire des performances à l’extérieur, ne pas savoir où je vais, ne pas savoir si mes pensées vont revenir ou partir pour toujours, la souffrance et l’ampleur avec laquelle on voit le monde a vraiment un potentiel électrique, si je vais ré-entendre mon cœur battre parce que je sens vraiment que tout le monde est contre moi, le système nerveux sur l’adrénaline parce que toute ma famille me reniait, personne voulait me voir, j’ai été trois ans à faire un pèlerinage dans la ville de Montréal, en ayant qu’un seul rêve en tête : partir en Inde pour marcher. Reconnecter avec mon corps. L’amour. Pas la haine. Pas le rejet. Pas de psychologie. Pas de psychiatrie. Redonnez-moi le temps perdu. Redonnez-moi le cœur au ventre. Je suis pas folle, comme on l’a pensé, j’ai jamais perdu une seconde de vie à ne pas réfléchir sur l’impermanence dans le monde.

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